Sermon du Dimanche de la Pentecôte (2012) par l’abbé Joseph Pfeiffer
(du district d’Asie de la FSSPX)
Traduction française
de la transcription d’un sermon prononcé en anglais
(le style parlé a été
en partie conservé)
[entre
crochets : texte ajouté et(ou) approuvé par l’auteur]
Bien chers frères,
Ce dimanche 25 mai marque la fin de la grande Croisade du Rosaire. En cette Fête de la Pentecôte, nous sommes censés avoir réuni nos cent-trente millions de Rosaires, ou quel que soit le nombre de Rosaires que nous sommes supposés avoir récités à ce jour. Et au cours des deux dernières semaines, il y a eu des annonces – surtout depuis la fin avril – concernant le grand miracle devant avoir lieu aujourd’hui. Peut-être ce miracle s’accomplit-il en ce moment même, car ici aux Philippines, il est dix-huit heures, tandis qu’il est dix ou onze heures à Rome ; je veux parler du miracle de la régularisation de la Fraternité Saint-Pie X. On a dit que le Pape ferait sans doute une annonce d’ici aujourd’hui ; mais il y a quelques jours, Mgr Fellay a confié à l’un de nos trois autres évêques qu’il craignait que cela n’ait pas lieu en ce jour, à cause de la « fuite » des deux lettres…
Le 7 avril, trois évêques de la Fraternité, Mgrs Williamson, de Galarreta et Tissier de Mallerais, ont écrit à Mgr Fellay pour lui dire en substance : Ne concluez pas d’accord avec la Rome moderniste. Ne couchez pas avec les modernistes. Restez fermes sur la position de Mgr Marcel Lefebvre. Rome ne s’est pas convertie, et elle n’est pas en train de le faire. Nous devons rester fermement fidèles à la vérité, comme nous l’avons fait au cours des quarante dernières années, et ne pas coucher avec les modernistes, car si nous y consentions, cela ferait de nous des modernistes. Nous ne les convertirons pas.
Et Mgr Fellay a répondu aux trois évêques : Vous m’inquiétez beaucoup, car vous vous exprimez comme des sédévacantistes, comme si vous n’aviez pas confiance dans le Saint-Père. J’aurais à vous faire part de bien des choses, mais on m’a dit que vous ne sembliez pas être d’accord avec moi. En conclusion, vous avez créé une dialectique [autrement dit, un conflit] entre la vérité et la foi d’une part, l’autorité de l’autre, ce qui est contraire à l’esprit du sacerdoce.
Voilà ce que Mgr Fellay a écrit aux trois autres évêques de la Fraternité dans sa lettre du 14 avril 2012, jour du centième anniversaire du naufrage du Titanic ; et cette coïncidence de dates est peut-être très symbolique, car la FSSPX est actuellement en danger de faire naufrage.
Nous sommes dans les moments les plus périlleux depuis la fondation de la Fraternité, et l’on nous présente cela comme un miracle. Vous avez été préparés à ce jour par des tas de miracles. Mais si on lit l’Évangile, on y voit que Notre Seigneur a dit en Matthieu (chapitre 24) : « … et ils feront de grands prodiges et des choses extraordinaires, jusqu’à séduire, s’il se pouvait, les élus mêmes. »
Le premier miracle a été annoncé en 2007. C’était celui du Summorum Pontificum, qui résultait de la première Croisade du Rosaire.
Qu’était donc ce miracle ? Nous avions prié le Rosaire avant tout pour que le Pape consacre la Russie au Cœur Immaculé de Marie, satisfaisant de la sorte à la demande exprimée par celle-ci à Fatima. Or, au lieu de cela, le Pape a publié le Summorum Pontificum, dans lequel il écrivait que la Messe en latin n’avait jamais été abolie. À Menzingen, Mgr Fellay nous a dit alors que c’était là un grand miracle, obtenu par nos Rosaires, et que nous devions avoir confiance dans le miracle des Rosaires.
Mais ce n’était pas un miracle.
Que dit ce Summorum Pontificum ? Il dit que la Messe en latin n’a jamais été abolie et que, par conséquent, moi, le Pape Benoît XVI, j’accorde la permission générale de la célébrer, permission qui entrera en vigueur le 14 septembre 2007. En d’autres termes, la Messe n’a jamais été abolie, ce qui signifie que vous n’avez besoin d’aucune permission pour la dire ; cependant, cette permission (dont vous n’avez donc pas besoin), je vous l’accorde en vertu de ma gracieuse charité pontificale, et j’entends qu’elle entre en vigueur le 14 septembre.
Autrement dit, j’ai menti en écrivant que la Messe en latin n’avait jamais été abolie.
Et ce n’est pas tout: il soumet à une condition cette permission générale de célébrer la Messe tridentine en latin.
Il nous faut accepter la nouvelle messe comme rite ordinaire de l’Église et l’ancienne Messe, la vraie Messe, comme rite extraordinaire, c’est-à-dire comme n’étant tolérée que dans des circonstances particulières. Et cela, c’est une abomination.
La Très Sainte Vierge Marie n’approuve pas la nouvelle messe. Elle ne l’accepte pas comme rite ordinaire, et elle n’accepte pas de voir dans le vrai sacrifice de la Messe de son Fils quelque chose de seulement extraordinaire. Elle n’admet pas que la Messe soit uniquement le fruit de la gracieuse permission du Pape Benoît XVI.
La Messe, c’est le centre de notre culte catholique, et elle existe depuis deux mille ans. Elle ne dépend pas de Benoît XVI. Elle n’est pas le résultat d’un miracle. Pourtant, on l’a saluée comme telle : Marie aurait entendu nos prières, paraît-il.
Puis est venu le deuxième miracle : la levée des excommunications, annoncée le 23 janvier 2009. Les quatre évêques ont donc vu leur excommunication levée. Et Mgr Fellay a demandé que nous chantions le Te Deum. Dans le monde entier, beaucoup de prêtres s’y sont refusés ; on nous avait pourtant demandé de chanter le Te Deum en action de grâces pour la levée de l’excommunication des quatre évêques.
Maintenant, si vous considérez l’événement de 1988, vous vous souviendrez qu’il y avait alors six évêques concernés : Mgr de Castro Mayer, Mgr Marcel Lefebvre et les quatre évêques actuels ; car ils avaient été excommuniés tous les six. Or, la levée d’excommunication ne concerne que quatre d’entre eux, ce qui signifie qu’aux yeux de Rome – la Rome néoModerniste – Mgr de Castro Mayer et Mgr Marcel Lefebvre restent excommuniés.
Ils sont maintenant au paradis ; cependant, selon le Pape, ils demeurent excommuniés. Et pour quel motif ? Pour avoir célébré la Messe tridentine en latin, qui n’a jamais été abolie. Si le Pape a vraiment voulu faire comprendre en 2007 que cette Messe n’avait jamais été abolie, cela signifie que tous ceux qui ont été punis parce qu’on la croyait alors abolie ont reçu là un châtiment injuste ; et que quatre évêques, ou plutôt six évêques ont été punis parce qu’ils célébraient la Messe tridentine en latin et parce que des évêques avaient été consacrés afin que des prêtres puissent être ordonnés pour continuer à célébrer la Messe tout en préservant la Foi catholique, de même que l’Église. Cela, c’est une autre abomination : six évêques ont été excommuniés (soi-disant), et quatre seulement bénéficient d’une levée de leur excommunication, tandis que les deux autres restent excommuniés.
Et puis, il y a un autre problème. On ne peut, en effet, bénéficier d’une levée d’excommunication que si l’on a été effectivement excommunié. Comme nous l’avons dit il y a quelques semaines à Bohol, dans le sermon de Cebu, on ne peut ressusciter d’entre les morts que si l’on était mort. Si l’on n’était pas mort, on ne peut ressusciter. De même, si l’on n’a pas été excommunié, on ne peut bénéficier d’une levée d’excommunication.
Mgr de Castro Mayer, Mgr Lefebvre et les quatre évêques qu’ils ont consacrés n’ayant jamais été excommuniés, leur « excommunication » ne peut être levée. Et ça, ce n’est pas un miracle. C’est un tour de passe-passe, une tromperie destinée à ramollir les cœurs et à affaiblir la volonté des catholiques qui défendent leur Foi.
Les discussions doctrinales, à présent : nous allons conclure un accord. Pourtant, après les discussions doctrinales, on nous avait dit : Rome n’a pas changé de position, Rome croit encore au modernisme, Rome rejette toujours la Foi, alors que la Fraternité défend toujours la Foi. Donc, rien n’a changé. C’est ce qu’avait dit Mgr Fellay.
Et voici que les choses ont changé depuis : nous allons maintenant devoir conclure un accord, nous allons maintenant être reconnus et régularisés, nous allons maintenant recevoir une prélature personnelle. Mais tous les documents sont secrets, toutes les communications sont secrètes, tout se passe dans le secret.
On n’observe pas le secret sur la vérité. On ne garde pas secret quelque chose de bien, on garde secret un mensonge, on garde secret quelque chose de mal, on garde secrète une tromperie. Ce qui explique le secret de ces dernières années, c’est que si Mgr Fellay, les abbés Pfluger et Nély et les autres supérieurs de la Fraternité Saint-Pie X nous avaient dit la vérité avec audace il y a un ou deux ans, tout le monde se serait révolté. Au lieu de cela, on nous a dit : « Ayez confiance, vous ne connaissez pas tous les détails. Vous n’êtes que des moutons idiots, stupides, imbéciles, abrutis. Et tout ce que vous avez à faire, ce n’est pas penser, c’est payer, prier et obéir. Vous ne connaissez même pas votre Foi. Vous devez faire confiance à votre saint supérieur. Vous n’avez pas besoin de savoir ce qu’il fait de votre Foi. »
Il y a des communications secrètes. Sur quoi portent-elles ? Sur la Foi. Et ainsi que l’a dit Jésus-Christ, la Foi a pour vocation d’être placée non pas sous le boisseau, mais sur le chandelier. La Foi est censée être confessée et professée publiquement, jusqu’à la mort du croyant.
Il y a deux semaines encore, ils avaient évité l’hérésie, ils avaient évité les déclarations hérétiques. À présent, l’accord est pratiquement conclu. La trahison est pratiquement consommée. Et ils pensent que nous ne pouvons plus rien y faire. Et le poing d’acier de Menzingen est prêt à s’abattre sur nos têtes. En Amérique du Sud, l’abbé Cardozo, un prêtre argentin, je crois, a prêché contre l’accord en question il y a un mois et demi ; à présent, il ne peut plus dire la Messe dans une chapelle de la Fraternité, il vit en exil, dans un monastère. Préparons-nous à voir le poing d’acier frapper à nouveau. Ceux d’entre nous qui refusent de plier le genou, on leur a dit de garder le silence. Nous ne savons rien de l’accord, ni des circonstances qui l’entourent, ni des détails de l’opération. Et pourquoi n’en savons-nous rien ? Je vais vous le dire.
Lorsque Mgr Fellay s’est rendu en Autriche, il a parlé à un prêtre de l’accord, de la prélature personnelle. Ce prêtre a répété aux fidèles ce qu’il avait entendu, et il l’a mis sur l’Internet. Rappelez-vous qu’il ne s’agit que de rumeurs. Mais jusqu’à présent, toutes les rumeurs se sont avérées fondées, parce que Menzingen ne nous dit rien. Et quand une rumeur sort, Menzingen la confirme.
Voici donc la dernière en date. Qu’en est-il de l’accord, de la prélature personnelle ?
Premièrement : Le Pape décidera qui sera évêque de la FSSPX, qui remplacera ceux qui s’en iront ou ne voudront pas se conformer à l’accord. Ces évêques seront libres de partir, et on les remplacera. Qui sont-ils ? Mgrs Williamson, de Galarreta et Tissier de Mallerais. Ils sont libres de partir et seront remplacés.
Qui décide ? Actuellement, c’est le Pape Benoît XVI, Josef Ratzinger, devenu cardinal en 1981. Depuis lors, il a voué sa carrière de cardinal à la destruction de la Tradition catholique. Il est l’un de ceux qui ont échafaudé en 1987 un accord à l’intention d’une camarilla appelée Mater Dei ; elle était composée de neuf séminaristes ayant quitté Mgr Lefebvre afin de former à Rome un petit groupe qui devait tomber à l’eau pour avoir été victime d’une tromperie.
Le cardinal Ratzinger est celui qui a persuadé à Dom Gérard, moine bénédictin se trouvant être l’ami le plus proche de Mgr Lefebvre, de trahir celui-ci en 1988 en désapprouvant les consécrations. Il lui dit en substance : Dom Gérard, vous voulez que je visite votre monastère ? Je vous ferai abbé, mais vous devez venir à Rome pour y concélébrer la nouvelle messe avec le Pape. Et je vous surveillerai pour m’assurer que vous concélébrez réellement.
Dom Gérard accepta, parce qu’il voulait devenir abbé. Il est mort il y a trois ans, coiffé de sa mitre d’abbé. Quel prix a-t-il dû la payer ? Combien lui a-t-elle coûté ?… Et qui l’avait poussé à la trahison ? Le cardinal Josef Ratzinger.
En 1989 ou 1990, Mgr Wach est allé à Rome. Il voulait créer un institut traditionnel qui s’appellerait l’Institut du Christ-Roi. Josef Ratzinger lui dit : vous pourrez créer votre institut après avoir concélébré une nouvelle messe avec moi. Il faut que je vous voie la concélébrer. Ensuite, je signerai en votre faveur, je ferai approuver votre projet.
La même année, Mgr Zanic est venu à Rome de Yougoslavie. Il s’est rendu auprès du cardinal Ratzinger et lui a dit : Éminence, vous êtes à la tête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, et je suis l’évêque de Medjugorje, en Yougoslavie. À Medjugorje, il y a des menteurs. À Medjugorje, il y a des ennemis de Dieu. À Medjugorje, le prêtre couche avec des religieuses. À Medjugorje, il y a un faux miracle. Les gens accourent cependant de toutes les parties du monde ; or, j’ai condamné cela, mais ils ne veulent pas m’écouter. Pourriez-vous, s’il vous plaît, proclamer publiquement la condamnation de Medjugorje par Rome ?
Savez-vous ce que le cardinal Josef Ratzinger lui répondit ? « Zanic, occupez-vous de ça. Medjugorje a ici trop d’amis, et je ne le condamnerai donc pas, bien que je sois d’accord avec vous ». Il faut insister sur le nom de ce prélat : le cardinal Josef Ratzinger…
En 2000, publication mensongère du troisième Secret de Fatima : le cardinal Bertone fait l’annonce et ment au monde entier. Il dit : « Nous publions le troisième Secret », qu’il sait être un faux. Et qui est assis à côté de lui ? Qui est aux commandes ? Nul autre que le cardinal Josef Ratzinger, chef de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Il a laissé Bertone faire le sale travail, mais c’est lui qui se tenait derrière, c’est lui qui était assis là pendant que Bertone débitait son mensonge.
Qui, au sein de l’Église catholique, est le plus responsable de l’enterrement du troisième Secret de Fatima ? On l’appelait le cardinal Josef Ratzinger. Il est devenu depuis le Pape Benoît XVI. Et c’est lui qui va choisir nos nouveaux évêques…
Deuxièmement : Aucune nouvelle structure ne pourra être construite sans l’approbation des évêques diocésains. Croyez-vous que Mgr Carpallia [qui vient de démissionner, le 17 mai 2012] donnera sa bénédiction à la nouvelle église que nous allons construire au pied de la colline ? Croyez-vous que le nouvel évêque [remplaçant de Carpallia] lui donnera sa bénédiction ?
Aucune nouvelle structure, par conséquent, sans la permission des ordinaires. Cela signifie l’arrêt de toute expansion pour la Tradition.
Troisièmement : Les choses s’arrangent, soyez patients… Toute construction de moins de trois ans devra être fermée, mais toute construction de plus de trois ans pourra demeurer. J’ai été prêtre à Denver, dans le Colorado, où nous avons construit une grande église appelée Saint-Isidore. Elle a été achevée en 2001. C’était il y a plus de trois ans, et elle pourra donc être sauvée. Mais elle n’est devenue prieuré qu’il y a trois ans, et le bâtiment du prieuré – qui se trouve sur un autre terrain – a été donné à la Fraternité il y a un an et demi. Les prêtres du prieuré de Denver devront-ils le quitter ? Et qu’en sera-t-il de Davao ? Qu’en sera-t-il de GenSan ? [General Santos City] Qu’en sera-t-il de Mendaue, de Leyte, de Laoag et de Cebu ?…
Parle-t-on vraiment ici de manière canonique ? La Fraternité Saint-Pie X ne possède aucun bien immobilier dans ces régions, sauf celui qui se trouve au pied de la colline, mais qui lui appartient depuis moins de trois ans et où il n’y a pas de chapelle. Nous ne sommes propriétaires qu’à Manille, à Iloilo et à Bacalod, où la Fraternité n’est peut-être pas canoniquement présente. Il nous faudra donc, désormais, demander la permission de continuer à dire la Messe à GenSan et visiter les fidèles isolés de Zamboanga.
Et à présent, il va nous falloir demander : s’il vous plaît, puis-je apporter Jésus-Christ aux âmes dans le besoin ? S’il vous plaît, donnez-moi la permission… Désolé, mais l’évêque va vous dit d’aller au diable. Je suis navré… ou ravi que l’évêque m’ait permis d’être un prêtre catholique. Vous allez même devoir vous réjouir que l’évêque vous ait permis d’être des catholiques tout court.
Comme nous l’avons signalé il y a quelques mois, quand on se marie, on va voir le prêtre, on s’agenouille devant l’autel, et là, on dit « oui ». Et l’on se retrouve marié jusqu’à ce que la mort vous sépare de votre conjoint. On ne revient pas devant le prêtre sept ans après pour lui demander « Monsieur l’abbé, est-ce que je peux encore me marier ? » C’est fait, c’est terminé, tant pis pour vous. Vous serez malheureux jusqu’à votre mort, vous ne pouvez rien y changer.
De même, quand on est baptisé, on est catholique. Aucun Pape, aucun évêque, aucun prêtre ne peut vous retirer votre Foi catholique. Aucun roi et aucun magistrat n’est habilité non plus à vous la retirer. Or, voici qu’à présent, il nous faut demander la permission d’être catholique…
Le 13 juin 1988, Mgr Lefebvre a adressé une allocution aux quatre évêques qu’il venait de consacrer. L’un d’eux était Mgr Bernard Fellay. À la fin de son allocution, qui a été enregistrée, il a dit que les martyrs avaient toujours dû choisir entre la Foi et l’autorité et qu’il avaient régulièrement donné la préférence à la Foi sur l’autorité. C’était en 1988. Et voici qu’en 2012, Mgr Fellay dit aux trois autres évêques : « Vous avez créé une dialectique entre la Foi d’un côté et l’autorité de l’autre, ce qui est contraire à l’esprit du sacerdoce. » En d’autres termes, l’autorité ne peut jamais être opposée à la Foi. Et s’il semble y avoir conflit entre l’une et l’autre, vous devez obéir à l’autorité. Or, ces propos sont radicalement opposés à ceux que Mgr Lefebvre a tenus aux quatre évêques qu’il avait consacrés. Mgr Fellay aurait-il oublié ce que l’archevêque lui a dit il y a vingt-quatre ans ?
Les erreurs, à présent. L’avertissement avait été donné par de nombreux prêtres et par les trois autres évêques : « Monseigneur, ne frayez pas avec les modernistes, car lorsqu’on couche avec un chien, on attrape des puces. Si nous concluons un accord avec Rome, nous entrerons dans le mystère romain et nous deviendrons des modernistes. Et les modernistes ne se feront pas catholiques pour autant »...
Or, la promiscuité en question est désormais consommée. Le 11 mai 2012, CNS (Catholic News Service) était en visite à Menzingen (Suisse). De nombreux prêtres ont essayé d’appeler Menzingen au téléphone, mais sans que personne décroche. Les prêtres du Mexique, qui sont entièrement opposés à cet accord stupide, ont tenté de joindre Menzingen au téléphone, mais sans succès : Menzingen ne répond pas. En revanche, Menzingen a reçu Catholic News Service, qui est un organe de presse conciliaire et aux représentants duquel Mgr Fellay a beaucoup de temps à consacrer. Les caméras vidéo et les projecteurs qui s’allumèrent alors sont ceux d’un des moyens de communication les plus empreints d’hérésie libérale qui soient aux États-Unis.
CNS a donc posé à Mgr Fellay diverses questions : Que pensez-vous de l’opposition entre la FSSPX et Rome ? Y a-t-il un combat entre la FSSPX et Rome ?
Ce à quoi Mgr Fellay a répondu : Non, il n’y a pas de combat entre la FSSPX et Rome. Ce n’est pas la manière dont nous voyons les choses ; nous estimons plutôt qu’il y a certains personnages nocifs à des postes d’autorité.
Et le Concile ? Vous autres de la FSSPX êtes toujours opposés au Concile Vatican II ? Qu’en est-il du Concile ?
Et Mgr Fellay de répondre : « Les discussions doctrinales nous ont appris que ce que nous avions condamné auparavant comme une erreur du Concile était en réalité une erreur d’interprétation commune du Concile. »
Arrêtons-nous à cette réponse. Donc, il n’y a rien de mal dans le Concile. Le seul problème, ce sont la mauvaise interprétation du Concile et les abus commis en son nom. Or, ce n’est rien d’autre que la position défendue par l’église Conciliaire depuis les cinquante dernières années.
En 1965, Mgr Marcel Lefebvre a écrit un ouvrage intitulé « J’accuse le Concile », et non pas « J’accuse ceux qui ont mal interprété le Concile », ni « J’accuse la mauvaise compréhension du Concile »…
« J’accuse le Concile ».
Le Concile enseigne des erreurs. Le Concile enseigne l’hérésie, en particulier l’erreur de la liberté religieuse et de l’œcuménisme. Mais Mgr Fellay a appris, grâce aux discussions doctrinales, que ce que nous enseignons depuis quarante ans est inexact. Il est déjà converti. Il dit qu’il va convertir les modernistes, mais il parle déjà leur langage.
Et lorsque le reporter de CNS lui demande « Quid de la liberté religieuse ? Nous savons que vous autres, les types de la FSSPX, vous n’aimez pas la liberté religieuse ». Alors, Mgr Fellay parle de la liberté religieuse et du Concile.
Et il dit ceci : la liberté religieuse, telle qu’elle est définie dans le Concile, est une liberté très, très limitée. Elle est très limitée.
Si vous allez à Mang Inasal [un restaurant McDonald’s des Philippine spécialisé dans les garnitures de riz], on vous sert du riz en quantité illimitée. Si vous allez dans un restaurant ordinaire, on vous sert du riz en quantité limitée. Et Mgr Fellay dit que la liberté dont parle le Concile est très limitée…
Or, la liberté religieuse dont parle le Concile Vatican II n’est nullement limitée, elle est hérétique, elle est mauvaise, elle est opposée à deux mille ans d’enseignement de l’Église. Depuis cinquante ans, elle entraîne les âmes à la damnation. Et cette idée fausse selon laquelle tout le monde a le droit de croire ce qui est faux a eu pour effet, entre autres, d’éloigner de l’Église des millions d’âmes.
Dernièrement, j’ai pris trois pasteurs protestants en auto-stop. Sur le moment, je n’avais pas remarqué que c’étaient des pasteurs. J’ai seulement vu trois types sur le bord de la route, à Bohol, où je venais de déposer l’abbé Tim, et je les ai pris en stop. Ils voulaient se rendre en ville, où j’ai entrepris de les conduire. J’ai alors appris que c’étaient des pasteurs protestants. Ils étaient basés à Hong Kong, et ils étaient ravis des relations œcuméniques existant avec l’Église catholique à Hong Kong.
L’œcuménisme et la fausse liberté religieuse se portent à merveille. Et Mgr Fellay dit que celle-ci est limitée, alors qu’auparavant, il la disait hérétique ! « Limité » veut dire qu’on n’a guère à manger. « Hérétique » est synonyme d’empoisonné. Le voilà donc qui prêche publiquement l’erreur, ce que le monde entier peut constater, car on trouve cela, accessible à tous, sur Google et YouTube. Chacun peut y lire l’interview du Supérieur Général de la Fraternité Saint-Pie X par Catholic News Service.
Puis on lui demande : « Pensez-vous que le Concile Vatican II fait réellement partie de la grande Tradition de l’Église ? » Et il répond : « Je l’espère ». Un évêque de l’Église dit à ce propos : « Je l’espère »…
On sait pourtant fort bien que ce concile est totalement différent de tous les autres conciles, ce qu’admettent même ceux qui l’ont fait et qui le promeuvent. Il ne s’insère nullement dans la grande Tradition de l’Église. Ce concile-là est « autre ». Ce concile-là enseigne autre chose que ce qui était enseigné auparavant.
Et Mgr Fellay dit que Rome change, que Rome est en train de se convertir. Le Pape Benoît XVI est-il vraiment en train de se convertir ? Si c’est le cas, pourquoi a-t-il pris part à un culte mahométan à la Mecque il y a quelques mois, où on l’a vu prier et s’incliner à la manière mahométane ? Jean-Paul II n’avait jamais fait ça. Pourquoi le Pape Benoît XVI dit-il aux mahométans que leur religion a autant à nous offrir, à nous autres catholiques, que notre propre religion ? Pourquoi dit-il aux Juifs qu’ils n’ont pas besoin de devenir des fidèles de Jésus-Christ pour aller au ciel ? Il enseigne la même hérésie et le même modernisme qu’il a toujours enseignés, mais c’est un expert en subtilités de langage. Il sait sur quels leviers appuyer. Il connaît les mots à dire pour tromper les catholiques de tradition, par exemple des mots tels que « jamais abolie » en parlant de la Messe. Et voilà Mgr Fellay qui nous dit que nous n’avons rien à modifier, que nous n’avons rien à céder, que nous allons pouvoir rentrer au bercail sans le moindre changement… à ceci près que de son côté, Rome dit : Vous devez accepter Vatican II.
Nous avons à présent le préambule doctrinal. Les évêques ont enfin mis la main, il y a quelques jours, sur ce document secret. Ambiguïté, stupidité…
Je voudrais illustrer mon propos d’un exemple que nous avons donné à Bohol il y a quelques semaines. C’était avant l’Ascension ; le cierge pascal était donc encore près de l’autel, et à propos de sa lumière, nous en sommes venus à exposer la « parabole » suivante : supposons que j’aime les ampoules électriques alors que vous les détestez. Vous les détestez, mais moi, je les aime. Nous n’allons donc pas nous entendre, car nous n’avons pas la même opinion des ampoules électriques. Mais voici que nous décidons d’être amis malgré tout. J’écris donc un document où je déclare que nous aimons les ampoules électriques. Et vous, vous dites : « Non, parce que moi, je les déteste ». Vous écrivez donc un document où vous déclarez que nous détestons les ampoules électriques. Et moi, je dis : « Non, parce que moi, je les aime ».
Nous avons décidément un problème sur les bras…
Vient alors un sage qui nous dit : « Je me propose de faire de vous une paire d’amis. Vous allez conclure un autre accord qui dira ceci : “Vous et moi sommes chacun près d’une ampoule électrique. Je reconnais être près d’une ampoule électrique. Vous reconnaissez être près d’une ampoule électrique. Soyons donc amis” ».Est-ce que quelque chose a changé ? Est-ce que vous aimez maintenant les ampoules électriques ? Non, vous les détestez toujours. Est-ce que je déteste maintenant les ampoules électriques ? Non, je les aime toujours. Mais nous avons au moins conclu un accord.
Nous avons conclu un préambule doctrinal qui ne vaut pas un pet de lapin. Et ce pet de lapin dit que chacun de nous est près d’une ampoule électrique. Nous allons donc maintenant conclure un préambule doctrinal avec Rome.
Rome croit dans le Modernisme. Rome déteste la Foi catholique. Rome réalise la prophétie que Marie a faite à Fatima en disant : « Rome perdra la Foi… » Et si nous nous unissons à Rome, nous perdrons, nous aussi, la Foi.
Marie en sait davantage sur Rome que Menzingen. Et la bienheureuse Vierge Marie, notre Sainte Mère, a dit à Quito (Équateur) il y a quatre cents ans, qu’à la fin du vingtième siècle, les prêtres perdraient la boussole, qu’ils perdraient la boussole divine, que l’Église s’en prendrait aux sept sacrements, qu’elle les violerait et détruirait tous, que les prêtres ne sauraient pas ce que cela veut dire d’être prêtre de Dieu et qu’il y aurait une grand apostasie. Voilà ce que la bienheureuse Vierge Marie a dit il y a quatre cents ans. Elle en savait plus, dès cette époque, que Menzingen n’en sait aujourd’hui, car elle a la Connaissance. En 1846, elle a dit encore qu’au vingtième siècle, « Rome perdra la Foi et deviendra le siège de l’Antéchrist ». Marie est plus compétente que Menzingen.
Selon Menzingen, les choses vont mieux à présent. Alors que selon la bienheureuse Vierge Marie, les choses ne pourront aller mieux tant que la Russie n’aura pas été consacrée à son Cœur immaculé. La Russie n’a pas été consacrée, et c’est pourquoi les choses ne vont pas mieux. Et si Mgr Fellay et son équipe croient que les choses vont mieux, c’est qu’ils ne pensent pas comme notre Sainte Mère. Nous nous en tiendrons donc à ce qu’a dit notre Sainte Mère. Après avoir déclaré cela à Quito, en Équateur, elle l’a répété dans le monde entier : elle a dit la même chose à La Salette, puis à Fatima, puis encore à Akita, au Japon, plus récemment encore, en 1973. Et voici ce qu’elle a dit en substance : lorsque le démon aura étendu ses conquêtes au maximum, lorsque nous traverserons les heures les plus sombres, lorsqu’il semblera que le royaume de l’enfer est sur le point de l’emporter et que le royaume des cieux va s’effondrer entièrement, c’est alors que viendra Mon heure, l’heure de Marie. Ce sera l’heure où Je montrerai Mon pouvoir de la plus magnifique manière et que J’écraserai la tête du serpent.
Que croyons-nous, fidèles de Marie ? Nous autres croyons que les choses vont continuer d‘empirer jusqu’à ce qu’Elle intervienne. À mesure que le monde sombre, notre cœur se dédouble : d’une part, nous sommes dans l’affliction, à cause du nombre d’âmes qui vont se perdre ; de l’autre, nous sommes emplis d’une immense confiance et d’une grande joie, parce que le fait que les choses empirent est un signe que la victoire de Marie approche. La tentation de l’adultère est une méthode classique, et c’est elle que Rome applique actuellement auprès de Menzingen : « Venez à Rome, mêlez-vous aux modernistes, vous pourrez exercer sur eux une influence salutaire, vous les saints prêtres, les merveilleux prêtres de la FSSPX. Vous allez nous rejoindre, et votre aura enveloppera les modernistes. Vous allez faire votre entrée, et [inintelligible] aussi saint : je crois que je vais cesser d’être modernistes, car je me sens un peu coupable de l’être. »
Mais ça ne vas pas marcher ainsi.
Comme je m’entretenais avec un prêtre qui avait été mon condisciple au Mexique – un homme très aimable, au cœur sensible et à la parole douce –, il me dit : « Menzingen essaye-t-il d’ôter la vérité de la bouche des prophètes ? Un prophète est censé dire la vérité, et comment pouvons-nous être des prophètes si l’on nous retire la vérité de la bouche ? »
L’abbé Iscara, professeur au séminaire Saint-Thomas-d’Aquin de la FSSPX, nous a présenté début mai un document sur « L’Économie du Silence », c’est-à-dire la méthode par laquelle saint Basile condamnait l’erreur des ariens en se montrant particulièrement aimable avec eux, en pratiquant la politique des embrassades avec les hérétiques pour que ces derniers s’amendent. Saint Basile n’employait pas un langage offensant. Il n’usait pas de la claire terminologie catholique, parce que cela aurait offensé les ariens ; il cherchait ainsi à trouver une manière de dire la vérité qui ne les offense pas. Que l’on imagine ce qu’en aurait dit le prophète Jérémie…
Jésus-Christ a-t-il employé cette méthode ? Notre Seigneur Jésus-Christ traitait en face les pharisiens de « race de vipères » ! Lorsqu’Il s’est trouvé devant Caïphe, le matin du Vendredi Saint, alors qu’Il allait être envoyé à la mort, Il lui dit en substance : Aujourd’hui, je serai crucifié, mais le jour viendra où toi, Caïphe, verras le Fils de l’Homme venir en grand pouvoir et grande majesté, et Il te jugera. Cela se produira à la fin du monde.
Le prophète doit dire la vérité et condamner les erreurs. Embrasser les hérétiques ne fait pas d’eux des saints. Nous devons condamner les erreurs.
Mais un autre moderniste s’avance. Il s’agit de l’abbé Celier. C’est la première fois qu’on le met en avant dans le monde anglophone. On peut le trouver sur le site Internet sspx.org. L’abbé Celier est un prêtre de la Fraternité Saint-Pie X ordonné par Mgr Lefebvre en 1986. En 2007, il a écrit un livre dans lequel il parle de l’union entre la nouvelle messe et l’ancienne Messe ; il y laisse entendre que l’on pourrait concevoir – entre l’ancienne et la nouvelle – une sorte de messe hybride permettant à l’une et à l’autre de s’enrichir mutuellement. Lorsqu’il a essayé de vendre son livre en France, les traditionalistes français ont failli le tuer. Il l’a donc laissé en suspens jusqu’à mai 2012.
Et voici que Mgr Fellay pousse à nouveau ce prêtre sur le devant de la scène. Mais cette fois, l’abbé Celier nous enseigne la bonne interprétation des enseignements de Mgr Marcel Lefebvre.
Nous savons tous que Mgr Lefebvre a dit non à la Rome néoModerniste. Nous savons qu’il a dit : N’ayez rien de commun avec l’hérésie conciliaire. Nous savons que contre tous les pronostics, il s’en est tenu fermement et sans équivoque à la vérité. Mais voici venir l’abbé Celier, qui nous conseille de reconsidérer la question : souvenons-nous, dit-il, que Monseigneur a déclaré cela en des temps particuliers, dans les circonstances concrètes qui étaient celles de 1975, puis de 1988. Or, savez-vous ce que c’est que ce discours de l’abbé Celier ? C’est tout bonnement l’hérésie du modernisme.
Qu’enseignent les modernistes ? Que le Concile de Trente, c’était merveilleux en 1545, que le Concile du Vatican, c’était merveilleux en 1870. C’étaient d’excellentes médecines pour l’Église à ces deux époques. Mais dans les années 1990 et 2000, c’est dépassé. Aujourd’hui, nous avons besoin d’une nouvelle doctrine, d’un nouveau Concile, d’une nouvelle manière de voir les choses. Les modernistes croient que la vérité change avec l’histoire, tout comme les espèces évoluent avec les millions d’années.
Et l’on voit à présent l’abbé Celier – prêtre de la Fraternité Saint-Pie X, le saint qui a condamné le modernisme – se servir du modernisme pour réinterpréter Mgr Lefebvre !…
Voici venir les cours de rééducation. En octobre 2012, il y aura une réunion à Kansas City, au siège du district américain de la FSSPX, et l’on y parlera de la papauté. On y trouvera une grande bannière ornée d’un portrait souriant du Pape Benoît XVI ; en revanche, aucun portrait de saint Pie X. On va nous y donner des leçons d’autorité papale pour nous « reformater ». Nous allons nous y instruire sur le danger du sédévacantisme, sur l’importance de l’obéissance, de l’obéissance et de l’obéissance… Surtout, ne pas faire passer la Foi avant l’obéissance !
En ce mois de mai 2012, de très, très nombreux prêtres de la Fraternité Saint-Pie X sont inquiets et fermement opposés à cet accord. Mais ils ont peur aussi du poing d’acier de Menzingen, qui en a déjà écrasé quelques-uns. Je me rends en Amérique la semaine prochaine. Je serai de retour en principe le 6 juillet. Survivrai-je à ce mois ? Cet été sera peut-être celui du divorce. Et jusqu’au dernier moment, ils auront essayé de tenir cela secret...
L’abbé Tim a signalé, dans un sermon qu’il prononçait la semaine dernière sur l’adultère, que ce dernier est un péché contre la famille. Il y a adultère quand un homme va avec une femme qui n’est pas son épouse. Mais un prêtre peut aussi tomber dans une forme d’adultère. Un prêtre est un homme de vérité, un fidèle de la Vérité, qui est Jésus-Christ. Et l’on dit de chacun de nous qu’il est un autre Christ, ce qui signifie qu’il est censé être une autre Vérité en marche. Qui voit un prêtre doit voir la vérité. Qui entend les paroles d’un prêtre doit entendre celles du Christ. Et les paroles du Christ sont celles de la vérité, parce qu’Il a dit : « Je suis la Vérité », non pas « Je suis l’obéissance » ou « Je suis l’autorité ». Il a dit : « Je suis la Vérité ».
Comment un prêtre peut-il tomber dans l’adultère ? L’abbé Time l’a dit la semaine dernière : un prêtre devient adultère quand la vérité qu’il a en tête y cohabite et s’y mélange avec l’erreur. On dit d’un homme vivant avec une femme qui n’est pas son épouse qu’il vit dans le péché. Un prêtre vit dans le péché quand il y a place dans son esprit pour la vérité d’un côté, et l’erreur de l’autre. Nous ne pouvons pas coucher avec les modernistes. Nous ne pouvons pas nous unir à eux, parce que si nous le faisions, la vérité qui est en nous serait détruite par l’erreur voisinant avec elle.
Que se passe-t-il quand un homme couche avec une femme qui n’est pas son épouse ? Tout d’abord, les enfants qu’ils procréeront ne seront pas légitimes. De même, quand un prêtre mêle la vérité à l’erreur, il ne peut avoir d’enfants légitimes dans la Foi. Sa Foi meurt. De plus, s’il y a des enfants, ce seront des bâtards.
La nouvelle messe est un rite bâtard. Les nouveaux prêtres sont des prêtres bâtards. Lorsqu’on se rappelle les jours anciens, nous dit-on, il faut se rappeler les circonstances d’alors. Si l’on est moderniste, il faut se rappeler les circonstances, mais si l’on est catholique, on ne doit se rappeler que la vérité. Et la vérité, c’est que Mgr Lefebvre a dit de la nouvelle messe qu’elle était un rite bâtard. Pourquoi a-t-il dit cela ? Parce que c’est une messe au cours de laquelle un prêtre catholique célèbre un rite protestant. Les mots-clés, en la matière, sont cohabitation catholiques-protestants, bâtardise, adultère.
Que va-t-il se passer ? Peut-être allons-nous devoir retourner aux catacombes. Beaucoup de prêtres en ont peur. Peut-être ne pourrons-nous revenir dans nos prieurés. Peut-être va-t-on nous jeter à la rue.
Il y a beaucoup d’opposants à l’accord en mai 2012, mais quand le couperet va tomber, combien maintiendront leur opposition ? En 1965, deux-cent-cinquante évêques ont déclaré, à la fin du Concile, qu’ils maintiendraient leur opposition à ce dernier. Deux-cent-cinquante ! En 1969, soit quatre ans plus tard, un seul d’entre eux a fondé un séminaire : un sur deux-cent-cinquante ! Puis, un second a maintenu la Tradition dans son diocèse. Et ce fut tout. Au total, donc, deux sur deux-cent-cinquante, alors qu’en 1965, tous étaient unis contre le Concile…
La FSSPX est dans la division pour la première fois de son histoire. Même si Mgr Fellay ne donne pas son consentement à l’accord, même si le Pape n’accomplit pas un « miracle » aujourd’hui, il ne manquera pas de l’accomplir demain ou la semaine prochaine. Dorénavant, il y aura au sein de la Fraternité des prêtres libéraux et des prêtres fidèles à Mgr Lefebvre. Jusqu’à présent, les prêtres intelligents et les prêtres stupides, les jeunes et les vieux, les paresseux et les travailleurs, tous avaient la même Foi. Mais on va maintenant les voir prendre deux directions différentes.
Le Pape Benoît XVI est un maître du désastre. Il a divisé et détruit la Tradition au cours des vingt à trente dernières années. À présent, il maintient Mgr Fellay dans une désorientation diabolique. Il fait croire à l’évêque que ses nouveaux amis romains vont l’aider, qu’il va les aider en retour à devenir de bons catholiques et qu’il n’a plus besoin de ses anciens amis ni des trois autres évêques. Sauf miracle, on va assister à une purge : tel prêtre sera expulsé de la Fraternité parce qu’il est désobéissant, tel autre parce qu’il est fou, tel autre, parce que… vous voyez, on ne peut pas vous dire pourquoi, parce qu’il vaut mieux que vous ne le sachiez pas.
Nous devons rester fermes dans la Foi. Beaucoup d’âmes sont en grand danger aujourd’hui parce que Mgr Fellay a décidé de jouer avec le feu tout en gardant le sourire, fort qu’il est de ce qu’il croit être ses grâces d’état. Mais la Foi est plus grande que les grâces d’état. Et le père de famille n’a pas le droit de mettre sa famille en danger, Il n’a pas le droit de la faire se déchirer. Il n’a pas le droit de cultiver le compromis.
Quelles promesses lui a-t-on faites ? Ces gens-là ont menti aux autres. Ils ont détruit tous les autres. Vous savez que l’abbé Philippe Laguérie, supérieur de l’Institut du Bon Pasteur, fondé en 2006, a appelé il a y a un mois l’abbé de Cacqueray. Celui-ci est supérieur du District de France, et il était allé le voir chez lui, à Bordeaux, en 2006. L’abbé Laguérie s’accrochait alors à sa chapelle, qu’il refusait de quitter. L’abbé de Cacqueray est entré seul dans la chapelle. Il a remonté l’allée centrale, de part et d’autre de laquelle étaient installés deux-cent-cinquante fidèles, tous partisans de l’abbé Laguérie. Il s’est campé devant tout le monde et a dit : « Monsieur l’abbé, sortez de cette église. C’est une église de la Fraternité Saint-Pie X. Vous ne suivez pas nos règles, alors sortez. Et vous, les fidèles, sortez aussi ! » L’abbé Laguérie lui a répondu : « Je suis heureux que vous soyez venu à moi comme un homme, que vous m’ayez parlé comme à un homme et que vous m’ayez condamné comme un homme. Je sors. » Et il est sorti.
Six ans après, l’abbé Laguérie appelle l’abbé de Cacqueray : « Vous souvenez-vous de moi, Monsieur l’abbé ? Je suis ce prêtre que vous avez chassé comme vous deviez le faire. Et je vous dis : ne passez pas d’accord avec Rome ! Moi, je l’ai fait. Nous avons conclu un accord avec elle y a six ans, et maintenant, elle nous écrase ! Vous avez vu le document du 23 mars dans lequel le cardinal [rectification : Mgr] “Pozzo le clown” nous ordonne de vivre conformément à l’esprit du Summorum Pontificum, d’accepter la nouvelle messe, d’incorporer le catéchisme de l’Église catholique dans nos séminaires, d’y enseigner le modernisme et toutes ces saloperies. [Lettre adressée à l’Institut du Bon Pasteur] Nous sommes piégés ! Pourtant, on nous avait dit il y a six ans : “Aucune condition”. Je vous appelle parce que j’ai du respect pour vous, parce que vous m’avez traité comme un homme. C’est pourquoi je vous préviens. »
L’abbé de Cacqueray a passé le mot à Mgr Fellay.
Mais celui-ci ne fait nullement machine arrière.
Et voici la dernière nouvelle : selon Mgr Fellay, le Chapitre général qui se réunira en juillet servira non pas à discuter de l’acceptation de l’accord, parce que ce dernier est déjà accepté, mais simplement à apprendre ce que seront les nouveaux statuts définis par l’accord conclu avec Rome. Nous allons devoir retourner à des cours de rééducation…
Je n’irai pas à ces cours. La Foi n’a pas besoin de rééducation. Ceci est donc peut-être mon dernier dimanche à Davao.
Nous ne savons pas ce qui va se passer. Le poing d’acier est levé. En dessous de lui, c’est la peur. Mais la Vérité est plus grande que l’un et l’autre. Beaucoup de fidèles ont peur dans le monde entier.
Enfin, pensons à Moïse. Au bout de quarante jours passés sur le mont Sinaï (en fait, c’étaient quarante-huit jours, car il est monté au sommet, où il a prié huit jours, puis il est redescendu un peu plus bas, où il est resté quarante jours). Au bout de ces quarante-nuit jours, donc, il est redescendu à mi-pente, où l’attendait Josué. Ils commencèrent à redescendre et entendirent du bruit venant de la plaine. Josué dit à Moïse : hâtons-nous de regagner le camp, parce que j’entends un bruit de bataille. J’entends que la guerre fait rage dans notre camp.
Moïse lui dit : Ne nous pressons pas. Ce n’est pas un bruit de guerre, Josué, ce sont des rires. C’est le son de la musique. C’est le bruit fait par mon peuple, Israël, en train d’adorer un veau d’or fabriqué par mon frère Aaron alors même que je recevais les Commandements et toutes les prescriptions de Dieu. Tandis que je parlais à Dieu durant ces quarante jours, eux parlaient au démon. Ce n’est pas le son d’une bataille que tu entends là, Josué.
Or, voici ce que nous pensons. Menzingen nous dit : Nous allons entrer et nous battre. Nous allons entrer et livrer bataille contre les modernistes.
Mais ce n’est pas du tout cela qui va se passer ! Ils vont entrer et boire avec les modernistes. Ils vont entrer et chanter avec eux, jouer avec eux, adorer le veau d’or avec eux.
Moïse poursuivit sa descente. Lorsqu’il arriva en bas, tous furent surpris de le revoir. Ils eurent peur, et ils avaient raison d’avoir peur, car c’était un mauvais jour pour retrouver Moïse. Celui-ci descendit donc de la montagne et dit : Voici les Commandements que j’ai reçus de Dieu. Et voici la valeur qu’ils ont à vos yeux ! Et il précipita les Tables de la Loi par terre, où elles se rompirent en plusieurs morceaux.
Puis, il prononça ces mots : « Qui est du côté de Dieu ? »
Aucune argutie. Aucune discussion théologique avec les Juifs. Pas question de décrire aux Juifs les splendeurs qu’il avait vues au sommet de la montagne.
Il leur dit simplement « Qui est du côté de Dieu ? ». Quiconque est pour Dieu, qu’il vienne ici, quiconque n’est pas pour Lui, qu’il reste où il est.
Et ils se partagèrent en deux camps. Toujours pas de discussions théologiques. Moïse tira ensuite l’épée et dit : Que ceux qui sont pour Dieu tuent tous les autres ; n’en laissez aucun en vie ! Et quarante mille Juifs furent tués en ce jour sanglant.
Nous sommes arrivés au point où tous les arguments ont été exposés. Chacun connaît la chanson des modernistes. Chacun connaît leurs trucs. Et les modernistes disent : obéissance, obéissance avant la Foi. Nous avons déjà entendu cela. La discussion, bien que l’on puisse s’y livrer à l’occasion, n’est pas la réponse.
C’est maintenant que nous devons décider : Qui est du côté de Dieu ?
Il y a deux évêques excommuniés qui restent excommuniés et qui sont pourtant du côté de Dieu. L’un d’eux est Mgr Marcel Lefebvre. Il est du côté de Dieu. L’autre est Mgr de Castro Mayer. Il est du côté de Dieu, lui aussi. Or, tous deux sont excommuniés de l’Église néoModerniste.
Avons-nous peur de l’excommunication ? Nous ferions mieux d’avoir peur d’offenser Dieu plutôt que de craindre l’excommunication.
Enfin, nous lisons, dans une lettre ouverte que des catholiques anglais de la Fraternité ont adressée à Mgr Fellay, qu’il nous faut rester fidèles à la Tradition. Nous n’en citerons ici que la conclusion :
« Quel Mgr Fellay écoutons-nous ? Celui qui disait en 1999 que le Concile était erroné et que ce n’était pas seulement le cas de l’herméneutique du Concile ? Ou bien celui de 2012, qui dit qu’il y a du mauvais non pas dans le Concile, mais seulement dans son herméneutique ? Le Mgr Fellay qui disait en 1999 que le Concile était mauvais, ou bien celui de 2012, qui dit que le Concile est bon ? Quel Mgr Fellay écoutons-nous ? Nous écouterons celui qui était fidèle à Mgr Lefebvre et à la Tradition catholique. »
Et voici la conclusion de cette longue lettre ouverte, que nous ne lirons pas en entier, parce que vous pouvez la trouver sur l’Internet.
« Nous avons le fervent espoir (ce sont donc des catholiques anglais qui signent, nombreux, cette lettre envoyée le 19 mai), nous avons le fervent espoir, donc, que l’avenir de la FSSPX et l’avenir de la Tradition sont une seule et même chose aujourd’hui comme hier. Nous espérons que la FSSPX reste inchangée dans la Tradition. Quoi qu’il en soit, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour croire et répandre la vérité, dénoncer l’erreur et – ce faisant – rester fidèles à Notre Seigneur et à Son Église, à la Tradition ainsi qu’à l’héritage de Mgr Lefebvre, quel qu’en soit le coût, et que Votre Excellence choisisse de nous abandonner ou de rester avec nous. Saint Pie X, ora pro nobis. »
Ainsi que Mgr Williamson l’a dit bien des fois : la Fraternité est une lumière pilote. Elle porte la lumière de la Foi. Au cas où elle abandonnerait cette lumière, nous devrions abandonner la Fraternité. Mgr Lefebvre, quant à lui, avait coutume de dire : Je vous enseigne la vérité. Suivez-la tant que je vous l’enseignerai. Mais s’il arrivait que je ne l’enseigne plus, alors abandonnez-moi ; car nous devons suivre la vérité, suivre la Foi.
Prions pour qu’un vrai miracle se produise. Il consisterait en ce qu’un nombre suffisant de prêtres et de fidèles se lèvent pour préserver l’héritage de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, qui n’est autre que la conservation de la fermeté dans la Foi ; en ce que Mgr Fellay se réveille de sa stupeur, se rende compte qu’il a été trompé par le démon et revienne au ferme enseignement de la vérité, à la ferme condamnation de l’erreur et à notre confirmation dans la vérité ; en ce qu’il persiste à condamner les erreurs et à conserver l’héritage de Mgr Marcel Lefebvre, à savoir la Fraternité Saint-Pie X, de même que tout ce qui est nécessaire au maintien de notre Sainte Église : la Foi, encore la Foi, toujours la Foi et rien d’autre.
Nous conclurons sur ces remarques. Que Dieu vous bénisse au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.
Amen.